lundi 5 décembre 2016

Girls Mourn Beni Massacre


Ley Uwera, GPJ DRC

Two girls sit in a Catholic church in Democratic Republic of Congo’s Beni territory. They attended a mass dedicated to the victims of an August 13 massacre that reportedly killed more than 50 people. Government officials blamed the massacre on the ADF-NALU, a Ugandan rebel group.

lundi 26 octobre 2015

Du ciment extrait d'un volcan


Le Volcan Nyiragongo en activité. Crédit Photo: Thomas Gesthuizen

La ville de Goma a un volcan qui crache du feu, le Nyiragongo, mais il ne fait pas que des malheurs sur son passage. Un opérateur économique a eu l'idée d'extraire des pierres de lave volcanique et en faire du ciment. Un exploit pour l'économie de la province du Nord-Kivu.

C'est sous les pieds du volcan sur une petite colline dans la bourgade de Kanyaruchinya que se trouve le carré minier de la cimenterie. Sur place l'on extrait les pierres de lave volcanique pour en faire du ciment.

L'ambition de l'entreprise ''Nyiragongo'' qui a pris le nom du volcan est d'être un opérateur cimentier reconnu dans un secteur aussi stratégique pour le développement, un acteur professionnel et compétitif diversifiant l'offre. C'est l'idée qu'a eu Tana Twagira opérateur économique et propriétaire de l'usine.

''Des analystes ont étudié les pierres volcaniques et m'ont prouvé comment on peut transformer la lave en ciment en utilisant 25% des pierres. Cela m'a poussé à faire une usine de production de ciment. A 4 kilomètres d'ici nous avons une carrière de Polozane ce qui veut dire lave volcanique'', a-t-il déclaré.

Fierté nationale

La politique de l'entreprise est fondée sur la production, la commercialisation et le développement des matériaux et des services innovants pour ses clients.

''C'est une fierté d'avoir du ciment produit au Congo. On était habitué à consommer du ciment qui venait de l'étranger, de l'Ouganda, du Kenya même de la Tanzanie mais aujourd'hui nous sommes fières d'avoir du ciment produit localement avec notre pierre de lave'', témoigne Thomas un consommateur du ciment de Nyiragongo.

Selon lui, le prix est bas mais pas très bas par rapport au ciment importé.
''Mais si on peut épargner 1 dollar et demie sur un sac de ciment et qu'on en utilise 100 ou 1500 sur un chantier vous voyez le gain que l'on fait'', ajoute-t-il.

L'usine de ciment ''Made in Goma'' qui produit environ 50 tonnes soit 1000 sacs de ciment par jour séduit déjà les acheteurs locaux.

Mais cette production est loin de couvrir les besoins nationaux. L'usine ne produit qu'environ 50 tonnes soit 1000 sacs de ciment par jour. Ainsi Tana Twagira compte doubler la production d'ici l'année prochaine.

''On est à 50 tonnes par jour mais c'est une petite unité de production. A mi-mai-Avril on peut aller à 500 tonnes. D'autant plus nous avons le soutien total du gouvernement. Cela fait un mois qu'on vient de commencer aussi à Bukavu dans le Sud-Kivu. Le ciment importé est à 17 dollar et moi je suis à 15. On est moins chère et la qualité est très bonne. Dès qu'on produit beaucoup on va réduire le prix'', indique-t-il.

Avec une forte demande sur le marché, l’usine de production de ciment à partir de la lave volcanique pourrait créer la concurrence dans le secteur du bâtiment dans l'est du Congo.

lundi 10 août 2015

                              Après 10 ans d’exile, Sadiki retrouve sa famille


Un jeune garçon déplacé de guerre assis dans un marais à Kitshanga dans le territoire de Masisi Crédit photo: Ley Uwera

La guerre et les conditions de vie extrêmement difficiles poussent des milliers de familles congolaises à fuir en République démocratique du Congo (RDC). 

Sadiki a 7 ans lorsque la guerre déclenchée par les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) touche son village du Nord-Kivu. Nous sommes en 2004. Ce nouveau conflit le contraint à se séparer de sa famille dans la foulée de mouvements de populations. Comme par hasard, sur son chemin il fait la connaissance d’un homme qui deviendra son compagnon de route. Il s’agit d'un militaire de l'armée congolaise qui assurera sa protection, dit-il. Ils font une partie du chemin ensemble. 

Arrivé en Ouganda, de l’autre côté de la frontière, Sadiki est repéré par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L’agence onusienne lui offre un abri dans un camp de réfugiés à Rwamanja, non loin de la frontière congolaise. Il sera ensuite transféré au Comité international de la Croix Rouge  avant d'être rapatrié en RDC où le CICR organise, en collaboration avec des volontaires, des programmes pour aider les membres des familles séparées à rétablir le contact.

Les nouvelles peu rassurantes 
 Sadiki sera emmené dans le territoire de Masisi, dans la petite localité de Mihanja, un site de transit de déplacés et réfugiés qui retournent dans leur milieu d’origine. Une première tentative de réunification a été organisée par  le CICR l’année dernière. Sans succès. Il n’aura pas la chance de retrouver les siens, alors qu’il y croyait fermement. 
 
Sadiki ne perd pas espoir pour autant. Quand nous sommes arrivés sur place, il attendait calmement après cette tentative infructueuse. C’est dans un centre de réinsertion et d’encadrement pour  jeunes désœuvrés que nous avons  rencontré Sadiki. Sous un soleil de plomb, il attendait toujours de revoir sa mère dont il n’avait plus de nouvelles depuis plus de 10 ans. 

De loin, nous pouvions voir un véhicule du CICR s’approcher. A bord, il y avait la mère de Sadiki. Elle n’a pas eu de mal à reconnaître son fils qui avait disparu une dizaine d’années auparavant. Emouvantes retrouvailles. Visiblement sous le coup de l’émotion, après de longues années de séparation, Sadiki et sa mère ont passé quelques instants dans le jardin pour échanger et se remémorer de vieux souvenirs.  

Le jeune homme devra toutefois attendre la conclusion de toutes les procédures pour retrouver enfin sa grande famille dans le Masisi. Sadiki est l’un des nombreux jeunes à avoir acquis le statut de réfugié après avoir fui les barbaries dans l’est de la République démocratique du Congo. Selon Gaya Valleci, un délégué qui travaille pour le service du CICR chargé de ce qu’on appelle le rétablissement des liens familiaux (RLF), 168 enfants réfugiés non accompagnés originaires de RD Congo ont retrouvé leurs familles ces derniers temps. 

Cela fait six mois que Sadiki apprend une panoplie de petits métiers au centre  Don Bosco. Il a d’ores et déjà choisi sa filière : la mécanique.  Il compte ainsi devenir chauffeur de taxi pour joindre les deux bouts dans les jours à venir, sans compter sur une hypothétique aide de tiers. 

Par ailleurs, Sadiki est passionné de musique. Il fait du rap avec certains jeunes aux parcours similaires qu’il a rencontrés dans le centre. Aujourd’hui la paix se construit et beaucoup des familles séparées regagnent leurs villages.

vendredi 3 juillet 2015

Les familles de militaires bloquées au port de Goma



Un enfant d'un soldat FARDC assis à cote des armes de son père. Crédit Photo: Ley Uwera
Il  est 11h30  alors que j’arrive au port de Goma à quelques mètres du lieu d’embarcation des bateaux. J’aperçois des femmes munies de matelas, bidons et casseroles. Il s’agit de familles de militaires dont plus de 500 membres sont bloqués depuis au moins un mois au port de Goma. 

Femmes et enfants, assis sur des sacs d’emballage, passent la nuit à la belle étoile. Ils espèrent chaque jour avoir la chance de s’embarquer dans des véhicules de location mis à leur disposition par le gouvernement  pour rejoindre leurs compagnons dans leurs lieux d’affectation. 

Les conditions de vie sont précaires

Ces personnes vivent dans le port de Goma sans aucune assistance. Par endroits, on peut voir des enfants assis à côté des armes de leurs pères.

Ces familles, en provenance de la province du Sud-Kivu, ont  quitté leurs camps et tout abandonné pour rejoindre leurs époux militaires sur la ligne de front à Béni. Ce territoire, situé à environ 250 km au nord de Goma, dans le Nord-Kivu, est  le théâtre depuis plusieurs mois de massacres attribués aux combattants du mouvement rebelle ougandais dénommé Allied Democratic Forces (ADF). 

Ces femmes désespérées ont du mal à joindre les deux bouts. Les soldats, qui reçoivent de faibles soldes, n’arrivent pas à subvenir aux besoins des leurs. Hélène, femme de soldat et mère de 5 enfants, affirme passer la nuit dehors avec son nouveau-né.

«Nous endurons beaucoup de choses ici. Nous venons de faire un mois. J’étais enceinte lorsque je suis arrivée ici. Mon enfant n’a que six jours aujourd’hui. Nous demandons aux officiers de l’armée (FARDC)  de nous conduire là où se trouvent nos maris.»

Comme cette jeune  femme, elles sont nombreuses à vivre dans la promiscuité, sans aucune intimité, au port de Goma. Des problèmes d’hygiène se posent, explique Marceline Opemba qui est l’épouse d’un caporal. Elle a été désignée comme porte-parole de ces familles.

« Nous n’avons pas d’eau potable. Nous n’avons ni  nourriture, ni médicaments. Il n’y a pas de latrines ici. Nous n’avons pas non plus le moyen de rejoindre nos maris. Que les autorités nous trouvent une solution pour que nous puissions rejoindre nos compagnons à Beni»

Lorsque les militaires  sont affectés quelque part, ils sont toujours accompagnés de leurs familles. Cependant, leurs conditions de vie restent difficiles.

lundi 10 novembre 2014

A Kitshanga les déplacés de guerre sont autonome




Des femmes dans un marais à Kitshanga Crédit Photo: Charly Kasereka




Peut-on être à la fois déplacé de guerre et autonome ? Oui, s’il s’agit de maintenir la cohésion sociale entre des communautés déchirées par les conflits armés. À Kitshanga dans le Masisi le mécanisme est en marche. 

Je me trouve dans le marais de Kibumbu, à une soixantaine de kilomètres de la ville volcanique de Goma. C’est en territoire de Masisi, dans un vaste champ de 110 hectares. Devant moi, plusieurs dizaines de personnes en train de labourer la terre en fredonnant quelques chants. On se croirait à l’ère de l’esclavage aux Etats-Unis.

Dans le marécage, ce sont des légumes (patates douces, pommes de terre, choux-fleurs, etc.) que déplacés et autochtones du terroir essayent de cultiver. La plupart d’entre eux sont des femmes, voire des jeunes garçons qui travaillent conjointement avec leurs mères. 

Dans cet environnement, il n’est pas facile, pour plusieurs familles pauvres, de refaire leur vie après un conflit armé ou une catastrophe naturelle. Pour favoriser l’accès des communautés vulnérables aux biens de première nécessité dans ce contexte difficile, le Programme alimentaire mondial (PAM) soutient l’activité agricole à laquelle se livrent des déplacés de ce camp. Le PAM a ainsi mis en place le programme  ‘ « Vivres pour le travail  » qui consiste à cultiver des champs collectifs et à utiliser des greniers communs. 

Le marais aménagé est réparti en petites parcelles de 8 hectares chacune. Chaque ménage exploitera sa parcelle pendant une durée de 5 ans. Une structure locale partenaire du PAM, dénommée PADEC, (Programme d’appui pour le développement communautaire) approvisionne les déplacés en semences vivrières.

En parcourant le champ, je rencontre  Yalala  Ndondoli, une jeune femme d’une quarantaine d’années et aux yeux marron,  vêtue d’un pagne bleu et d’une blouse noire. Cette native de Kahira, un village de l’ouest de Kitshanga, appartient à une population déplacée depuis plusieurs années. 

Cela fait 7 ans qu’elle ne s’est plus rendue dans son village en proie à des guerres à répétition, marquées notamment par des exactions imputables aux rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui écument l’est de la RDC depuis de longues années. 

Aujourd’hui, Yalala, comme d’autres personnes déplacées, tire profit du projet que coordonne le PADEC dont l’objectif est d’aider les populations paysannes à avoir plus facilement accès aux terres. 

« J’ai reçu une jeune truie que j’élève et elle a mis bas. Je suis soulagée et maintenant capable de scolariser mes enfants qui étaient régulièrement renvoyés de l’école. Ils vont désormais poursuivre leurs études grâce à ce champ que j’exploite », raconte-t-elle. 

Suite à l’activisme des groupes armés, ces déplacés ne peuvent pas rentrer dans leurs localités. Actuellement, plus de 800 ménages sont devenus autonomes financièrement. Le projet « Vivres pour le travail » permet ainsi à plusieurs déplacés d’améliorer leur niveau de vie.